Le temps creuse même le marbre
Exposition
Le temps creuse même le marbre
Image et mémoire dans la création artistique tunisienne
Présentée au logis abbatial du 17 mai au 21 septembre 2025, cette exposition collective réunit onze artistes de la scène contemporaine tunisienne qui explorent l’image sous toutes ses formes, autour des thèmes de l’histoire et de la mémoire. Héla Ammar, Ismaïl Bahri, Asma Ben Aïssa, Younès Ben Slimane, Meriem Bouderbala, Rafram Chaddad, Chiraz Chouchane, Férielle Doulain-Zouari, Farah Khelil, Amira Lamti, Fredj Moussa.
Commissariat : Victoria Jonathan

En écho avec les 10 ans de la coopération qu’entretient le Département de la Seine-Maritime avec la Tunisie, cette exposition présente près de 80 œuvres d’artistes tunisiens, en prise avec leurs préoccupations actuelles, leur Histoire, et en lien avec le site majestueux de Jumièges. Le titre de l’exposition est un proverbe en tounsi (dialecte tunisien) dont l’équivalent français serait « Goutte après goutte, l’eau finit par creuser la pierre ». Il fait référence à la somme de petits événements qui, perpétués dans le temps, peuvent créer des effets considérables.
Bien que les oeuvres réunies parcourent divers lieux et époques, de Carthage à la colonisation, de la révolution de 2011 aux migrations contemporaines, cette exposition ne vise pas l’exhaustivité ni un portrait détaillé de la scène photographique tunisienne. Elle propose plutôt un dialogue entre artistes de différentes générations explorant un passé oublié à travers des archives, traces, rituels, vestiges et lieux abandonnés.
Avec le soutien de l’Institut français de Tunisie. En partenariat avec Beaux-Arts Magazine et Ici Radio TV Digital.

Les artistes
Découvrez les 11 artistes exposés.

est une artiste photographe née en 1969 à Tunis. Elle vit et travaille à La Marsa.
Son œuvre explore la mémoire, l’identité et l’histoire tunisiennes en mêlant archives nationales et familiales. À travers ses images, elle ravive les souvenirs oubliés et interroge l’héritage du passé. Ancienne juriste, elle a publié Corridors (2014), un livre photo sur les prisons tunisiennes, et coécrit Siliana Syndrome (2013) sur les couloirs de la mort. Ses œuvres ont été exposées à l’Institut du Monde Arabe (Paris), au MUCEM (Marseille), aux Rencontres d’Arles, à la Biennale Dak’Art et aux Rencontres de Bamako. Ses créations font partie de collections prestigieuses, comme celles du British Museum, de l’Institut du Monde Arabe, du Moderna Museet (Stockholm) et de la Fondation Abderrahman Slaoui (Maroc). Héla Ammar est chevalier de l’ordre des arts et des lettres de la République française.

est un architecte, artiste et cinéaste né en 1992 en Tunisie. Il vit et travaille à Tunis. Diplômé du Fresnoy en 2022, Younès Ben Slimane développe une pratique à la croisée du cinéma, de l’architecture et des arts visuels. À travers le film et l’installation, il explore les liens entre ces médiums, considérant l’architecture comme une succession de séquences, proche d’une narration cinématographique. Son travail interroge l’esprit des lieux, leur mémoire et leur charge poétique, cartographiant sensoriellement les espaces où matérialité et souvenir se rejoignent. Il traque les traces, les gestes et les atmosphères pour redéfinir notre perception des lieux. Son travail a été présenté à la Biennale de Dakar, à l’Institut du Monde Arabe, au Mucem, au Wexner Center for the Arts (Etats-Unis), au Nationalmuseum à Stockholm (Suède) et à la Zaha Hadid Foundation à Londres (Royaume-Uni). Ses films ont été sélectionnés à Locarno, CPH:DOX et Prismatic Ground. En 2024, il a été pensionnaire de la Villa Médicis et résident à la Fondation Thalie, poursuivant sa recherche sur l’interaction entre mémoire et espace.

est une artiste plasticienne née en 1980 près de Mahdia, en Tunisie. Elle vit et travaille à Aubervilliers. Elle est titulaire du diplôme de l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Tunis, d’une maîtrise en histoire de la philosophie arabe et médiévale et d’un doctorat en arts et sciences de l’art de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. À l’intersection du texte, du dessin et de l’image, son travail se donne comme un système mythologique particulier aux résonances tant mystiques que politiques. Il semble émerger d’un dialogue intérieur, où les formes, les matières et les mots deviennent les manifestations tangibles de forces souterraines. Ses dessins et performances fonctionnent comme des rites d’invocation, où se mêlent le rêve, la mémoire et le sacré. Elle utilise des images trouvées (cartes postales, archives, icônes) et des matériaux organiques (plantes broyées, pigments naturels, cristaux, plumes, tissus), qui agissent presque comme des reliques ou des talismans, intensifiant le lien entre son travail et une certaine magie archaïque. Son travail peut ainsi être perçu comme une expérience sensorielle et spirituelle, où l’image devient une trace de l’invisible, un fragment d’un langage qui échappe au contrôle du conscient et qui, par sa nature même, reste toujours en mouvement, jamais totalement révélé.
Depuis 2006, Chiraz Chouchane participe à des expositions collectives, publie des textes, des dessins et des photographies dans diverses revues parmi lesquelles Possession Immédiate et Circuit, musiques contemporaines. Elle a participé au festival franco-arabe de Noisy-le-Sec avec son court-métrage Leïla et les fantômes (2023, Kidam).

est une artiste visuelle tunisienne née en 1996 à Sousse, où elle vit et travaille.
Diplômée en photographie et arts plastiques de l’Institut supérieur des Beaux-Arts de Sousse, Amira Lamti utilise la photographie et la vidéo pour explorer des moments de son quotidien, des gestes et rituels, tout en interrogeant l’humain dans son environnement social et naturel. À travers son travail, elle aborde des thèmes comme l’héritage et la transmission. Ses œuvres ont été exposées en Tunisie et en Espagne, et elle a participé à des festivals tels que JAOU (2024) et le Image Festival Amman (2025). Résidente de la Villa Salammbô (Tunisie) en 2025 et du Hangar Barcelona (Espagne) en 2023, elle continue de développer son art au niveau international.

est un artiste né en 1978 à Tunis. Il vit et travaille entre Paris et Tunis.
Son travail, que l’on pourrait qualifier d’antidisciplinaire, interroge la fonction mimétique de l’image et explore les frontières entre vidéo, photographie, performance et sculpture. À travers des gestes simples et répétitifs, il révèle des phénomènes imperceptibles en jouant avec des éléments naturels comme l’encre, le vent, l’eau ou la lumière, cherchant ainsi à troubler la perception et à questionner la matérialité du monde.
En 2023-2024, il est pensionnaire à la Villa Médicis – Académie de France à Rome. Son travail a été présenté dans des lieux comme le Jeu de Paume, le Centre Pompidou, La Criée
(Rennes), La Verrière (Bruxelles), le Forum de Tokyo, la Kunsthalle d’Allemagne et le Beirut Art Center. Ses films ont été sélectionnés dans de grands festivals, dont ceux de Toronto, New York, Rotterdam, Marseille et Bruxelles.

est une artiste plasticienne francotunisienne.
Née en 1960 à Tunis, elle vit et travaille à Tunis.
Meriem Bouderbala est diplômée de l’École des Beaux-Arts d’Aix-en-Provence et de l’école d’Art de Chelsea, Londres. Elle travaille la photographie, la peinture et la scénographie en mêlant matériaux vernaculaires et références aux traditions populaires. Installée en Tunisie depuis 2001, elle questionne l’identité et le corps féminin à travers des autoportraits fragmentés, inspirés de l’orientalisme et motifs géométriques islamiques. Engagée, elle dénonce les oppressions, notamment sous Ben Ali, et subit la censure pour ses œuvres provocantes. Commissaire d’exposition, elle défend un art du Sud, entre artisanat et modernité. Ses créations, entre kaléidoscope visuel et critique sociale, expriment un dualisme identitaire et une quête de liberté dans un monde en mutation. Actrice majeure de l’art contemporain, photographe mais aussi metteuse en scène, commissaire d’exposition, sculptrice, céramiste, graveuse, Meriem Bouderbala est une figure artistique influente et engagée du monde arabe. En 2015, elle est nommée officier de l’ordre des Arts et des Lettres de la République française. Ses œuvres sont présentes dans les plus grandes collections privées et publiques.

est une artiste franco-tunisienne née à Paris en 1992. Elle vit et travaille à Tunis.
À travers des techniques manuelles, l’artiste explore la cohabitation entre le monde naturel et l’artificiel, interrogeant la rencontre, la réconciliation et la transformation. Son travail, composé d’installations, sculptures et tissages, s’inspire de son environnement quotidien et intègre souvent des matériaux et artisans locaux, ancrant sa pratique dans une réalité culturelle et sociale. Le processus de création et son contexte de production sont au cœur de ses projets. Elle cherche à susciter des échanges et des interrogations grâce à un langage plastique. Ses œuvres ont été exposées au Louvre Abu Dhabi, à l’institut Français de Saint-Louis (Sénégal), à la Galerie Septième, au musée des Beaux-Arts d’Angers et au FRAC Centre-Val de Loire (France), au Museum Lab (El Kef) et au Musée des arts et traditions de Gabès (Tunisie).

est une artiste plasticienne tunisienne née en
1992 à Bizerte. Elle vit et travaille à Tunis.
Son travail, qui englobe des oeuvres textiles, sculptures et installations, explore des thèmes tels que le paysage, l’architecture, les transformations sociales et la transmission, à travers des techniques artisanales expérimentales.
Elle a participé à plusieurs expositions collectives, telles que « Hirafen »
(commissariat : Ludovic Delalande) au Centre T3 Denden (Tunisie) et « Histoires de famille » (commissariat : Joël Andrianomearisoa) à Hakanto Contemporary (Madagascar). Elle expose régulièrement dans des foires, à travers The Blue Wind Project mené par la curatrice Khadija Hamdi. Asma Ben Aïssa a également effectué des résidences artistiques en Tunisie, en Arabie Saoudite et au Maroc. Au printemps 2025, elle est en résidence à la Cité Internationale des Arts de Paris.

est un artiste né en 1976 sur l’île de Djerba, au large de la Tunisie. Il vit et travaille à Tunis.Performances, actions participatives, installations, vidéos et sculptures…
Investissant à l’occasion un désert de sable, une synagogue abandonnée, un hammam ou un marché au poisson, puisant dans la vie quotidienne et mobilisant volontiers matériaux ordinaires et savoir-faire vernaculaires, l’œuvre de Rafram Chaddad défie les catégorisations et invite à déconstruire les idées toutes faites concernant l’identité, l’exil, les migrations, et le concept même de “culture”. La nourriture et la cuisine jouent un rôle privilégié dans son travail, en ce qu’elles invitent à une expérience partagée proche de tout un chacun, et pulvérisent l’idée de frontière et les tentatives de définition stable et figée d’une identité.
Rafram Chaddad a réalisé des dizaines de courts-métrages et d’installations, qui ont été exposés au Mucem à Marseille, au Forum Maximilien à Munich, au B7L9 à Tunis et plus récemment au festival Art Explora (Marseille) et à la première biennale de Malte. Il a été artiste en résidence à la Cité internationale des Arts (Paris) en 2024. En 2021-2022, il était critique invité dans le cadre du programme Master of Fine Arts de Columbia University à New York (Etats-Unis).

est une artiste plasticienne née en 1980 à Carthage qui vit et travaille à Paris.
Diplômée de l’Institut supérieur des beaux-arts de Tunis et docteure en arts et sciences de l’art de l’École des arts de la Sorbonne, elle développe une œuvre plastique et conceptuelle mêlant livres d’artiste, peinture, photographie, vidéo, dessins et installations. Son travail explore l’image, l’exposition, le langage et l’histoire à travers une approche intime et philosophique.
Depuis 2006, elle expose dans des institutions, galeries et foires internationales, notamment en France (Institut des Cultures d’Islam, Fondation Fiminco, Fondation Pernod Ricard), au Maroc, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Italie et à Abu Dhabi. Nommée pour les Prix AWARE 2019 et Drawing Now 2025, ses oeuvres figurent dans des collections prestigieuses, dont le British Museum et plusieurs FRAC. En 2022, elle publie Effet de Serre, prolongeant son projet de recherche et d’exposition du même nom.

est un artiste plasticien né en France en 1992. Il vit et travaille à Tunis. Diplômé de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris et du Fresnoy, il crée des films et des structures oscillant entre sculpture et dispositif cinématographique. Son travail explore des paysages en mutation, mêlant réalité et mythes pour reconsidérer les récits traditionnels à travers des expériences immersives. Il est résident à la Villa Médicis en 2024 et résident à la Cité internationale des arts en 2019. Ses oeuvres ont été exposées à la Nuit Blanche de Paris, Loop Fair Barcelona, Tiger Strikes Asteroid Philadelphia, l’Izmir Mediterranean Biennial et d’autres événements en Suisse, Belgique, Grèce et Tunisie. Finaliste du prix Studio Collector à la MEP en 2022, il reçoit le prix CIFRA à Loop Fair Barcelona en 2023, affirmant ainsi sa place sur la scène artistique contemporaine.
Le catalogue de l'exposition

Ouvrage bilingue français-anglais. En collaboration avec Bao Books, éditeur et studio de design éditorial tunisien.
Prix de vente : 29 €
En vente à la boutique de l’abbaye de Jumièges
Évènements associés
Dans le cadre du festival littéraire Terres de Paroles (Seine-Maritime)
Raconter la Tunisie, autrement | Rencontre entre Marie Nimier, Eva Marzi et Azza Filali
Regards croisés de trois autrices qui explorent des trajectoires intimes, révélant la complexité d’une Tunisie plurielle. Azza Filali, figure majeure de la littérature tunisienne, dresse dans Malentendues (Elyzad), un portrait saisissant de la condition des femmes dans le pays quand Marie Nimier, avec ses Confidences tunisiennes (Gallimard), recueille les secrets d’inconnus, récits empreints d’humanité, tour à tour drôles et poignants. Avec Hippocampe (La Veilleuse), Eva Marzi, poétesse suisse, retrace quant à elle le parcours d’un jeune migrant tunisien à travers l’Europe, devenu amnésique après un accident. Un voyage littéraire au cœur des destins et des voix de la Tunisie d’aujourd’hui.
Performance Wled el Machta | Les enfants de la machta (Création)
En lien avec ses oeuvres présentées dans l’exposition, qui explorent la symbolique et les gestes de la machta (femme préparant la mariée au rite nuptial traditionnel dans la région du Sahel), la plasticienne Amira Lamti et le danseur et chorégraphe Rochdi Belgasmi créent une performance mêlant danse et poésie. Cette performance interroge les représentations de genre et la transmission d’un imaginaire collectif dans la danse populaire tunisienne. En partenariat avec le festival littéraire Terres de Paroles (Normandie), l’Institut français de Tunisie et La Villette (Paris).
Samedi 17 mai | Rencontre : 18h30-20h – Performance : 20h-20h30
Gratuit sur réservation
Abbaye de Jumièges
Programmation complète du festival : terresdeparoles.com
Soirée au Book Bar de l’hôtel Grand Amour (Paris)
Soirée de lancement du catalogue, co-organisée par la commissaire d’exposition et l’éditeur : signature et table ronde en présence de plusieurs des artistes de l’exposition, dîner concocté par le chef Elyes Lariani, et DJ set. En partenariat avec Boutargue Memmi, Kaia et Maison Farida.
Mercredi 21 mai | 18h-2h Entrée libre sur réservation
Dîner sur réservation | 01 44 16 03 30
Book Bar de l’hôtel Grand Amour | 18 rue de la
Fidélité 75010 Paris
Focus à la foire d’art moderne & contemporain Menart Fair, pendant Art Basel (Paris)
Depuis 2021, Menart Fair a pour vocation de mettre en lumière les artistes du Levant, du Golfe Arabo-Persique et d’Afrique du Nord à travers une sélection de galeries de premier plan. Pour sa 6e édition, Menart Fair rejoindra les foires satellites d’Art Basel Paris. Dans sa Project Room, la foire mettra à l’honneur la scène artistique tunisienne avec une sélection d’œuvres des artistes de l’exposition Le temps creuse même le marbre (commissariat : Victoria Jonathan) à l’abbaye de Jumièges.
25-27 octobre 2025
Entrée payante, 12 € (en partenariat avec la foire AKAA)
Renseignements sur le site : www.menart-fair.com
Menart Fair | 116 rue Turenne 75003 Paris